Plusieurs poèmes ont été publiés dans les revues suivantes :
Débuts – n°2
Pourtant – n°6
Point de Chute – n°3
L’air de rien – n°3
Revu – n°9
Région Centrale – n°4
L’éponge n°4
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En voici quelques uns inédits, tirés de deux projets de recueils : Massif, Intérieurs et LES TITRES /
Un message du futur C’est très étonnant C’est très étonnant Les mots sont déjà écrits sur la page, le regard ou la règle les font apparaître Faites comme s’ils n’étaient pas déjà là mais jouez le jeu du chapeau de trois fois le tour sur soi-même Il y avait un muret un spectacle se déroulait caché sur la demande d’un spectre On nous y avait invités par ricochets sonores, quelques ritournelles envoyées depuis le futur C’est très étrange très étrange Une forme tremble derrière le paravent le message du futur tient dans une boîte à chaussures guère plus au bout de la page, il revient sublimé dans la foi, un scanner une image presque accomplie du présent /
Le grand mystère le grand mystère un mot surgit dans la tête il est impropre à toute description de cette sensation une chaleur le vent ce ne sont pas des objets Fermer les yeux est plus facile que s’ouvrir la cervelle Le grand mystère sans mystère (oiseaux électroniques insectes électroniques chemins électroniques) accueillir le réel est juste étouffant /
4’33’’ 4’33’’ de silence dans mes oreilles la faim me tord le ventre l’horloge dit le temps qu’il fait le piano s’éteint souvent à 8h00 les mains d’argent en suspension horizontale nous sommes trop nombreux dans la pièce As-tu suivi les débats ? tout a été mélangé dans un tambour puis il a tiré un nom C’était Y nous avons appelé ceux du haut à descendre dans la piscine vide tout a été convenu à l’avance la danse, la folie, le sermon, la folie, le balancement du métronome un tiroir contient les paquets de cartes un autre des partitions et puis la tête d’un chat la musique est maudite la musique est maudite /
L’innocence de Pikachu On a appris que Pikachu était mort. (Il était très très malade on l’a emmené à l’hôpital mais l’hôpital était fermé - au bout de trois) La nouvelle est tombée brutale, du dehors. Comme un astéroïde en flammes. Certains regardaient encore le ciel d’autres finissaient leur verre. Éteints. Une multitude assommée. À droite, à gauche, des visages emboutis par la douleur, abrutis par la contingence ou bien la nécessité, ça n’était pas réglé d’avance. Un type frappait en continu un container avec les pieds des autres, avec des poings nus et mous avec ses dents mauves de travers sous l’œil des chiens et des rats qui commémoraient l’instant dans la grâce du soir. Ne rien faire d’autre qu’accepter cette idée brillante comme un miroir de mercure : Pikachu est mort. Et l’innocence, et la joie, et l’amour, dans l’abîme. /
Le problème de Molyneux Je mange des cacahuètes une à une avec mes doigts les retirant du bol une à une Ce sont des chips en forme de frites comme dans les bars de l’ancien temps Pourquoi donc ai-je écrit cacahuètes, alors que ce sont bien des chips en forme de frites Quelque chose m’échappe Je saisis la cacahuète avec deux doigts et l’observe attentivement Quelle drôle de cacahuète, forme et fond ensemble en rondeur illusoire, ainsi faite pour me duper Il n’y a donc rien qui m’assure du réel La preuve du pudding c’est le formica sous la main un goût salé à graver sur le zinc et la cuillère tinte en douce Le bol de cacahuètes m’a déjà fait glisser sur le rebord du rasoir Il faut toutefois poursuivre le récit sans que jamais le monde ne s’accorde aux mots de la serveuse sourde /
Dans la voiture être encore dans la voiture au bord de l'église cette fois comme au bord d'une falaise. L'eau ruisselle rien de nouveau. On dirait une fonte de neige dans un salon d'hiver chauffé au fer rouge. Mais est-ce bien de l'eau ? Les larmes du Christ ou d'un bodhisattva ? Un os y est lavé La pluie s'est arrêtée La route apparaît /
Molasse, moraines alluvions drainés depuis des millénaires sous le pont lézards, alevins, au-dessus, le gars jette mégots et mollards pas loin du touriste allongé sur les galets parasol Fanta au bar de la rivière coup d’œil du boss aux backpackers égarés la boussole indique le fond du cirque d’où les cimes nous tancent.
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chaque fois faire les courses m'abîme me nuit il y a ce tapis qui roule et les choses dessus une petite métaphore facile du destin parfois une bouteille bascule et se casse grand fracas ça gicle sur tout le monde c'est du sirop c'est très collant du sirop de fraise c'est peut-être plus collant encore que du sirop de cassis ou de mûres mais qui achète encore du sirop de mûres ou d'orgeat orgeat orgeat ce mot d'orgeat mon dieu ce mot d'orgeat qui vient de loin orge bien grasse vous êtes bien las tous et vous me regardez mal à cause de cette bouteille fracassée par terre et c'est tout collant et c'est dégueulasse orge lasse mais est ce ma faute à moi si la bouteille est par terre c'est juste la gravité